Monday, June 30, 2014

Sunday, June 29, 2014

Gros plan sur...

Vie d'ermite et cure intensive de cinéma depuis dix jours.
J'ai l'impression de rattraper du temps perdu, c'est très étrange.

Delphine SeyrigSerge Daney, mes amours, mais aussi Michael Fassbender sont mes vénérables guides. J'ai enchainé en moins d'une semaine trois des films de ce dernier que je n'avais pas encore vus (par dédain), à savoir Prometheus, X-Men : First Class et Shame de Steve McQueen.

On dit Fassbender enclin à jouer des rôles sombres, or je le préfère quand il exprime une certaine malice et joie de vivre, aussi je dirais (un peu par provocation) que c'est la prestation de l'irlandais en tant que machine-à-tout-faire dans le Ridley Scott qui a ma préférence. Avec lui, le mot jouer prend vraiment tous ses sens. "Rien n'est en trop, rien ne manque, rien ne s'impose", comme le susurre la voix off de la réalisatrice Laetitia Masson sur un plan de dos dans la vidéo produite par Arte que voici.




Mmh. Je regarde une seconde fois et surtout réécoute la vidéo. Voix off ponctuant un montage d'extraits de films avec beaucoup de plans de Fassbender à poil.
Narrant sa rencontre cinématographique avec l'acteur et les désirs de filmer qu'elle a provoquée, la réalisatrice Masson s'épanche et assouvit, j'avoue, mes propres fantasmes. Mais quand même. Les mots insistants dès qu'il y a nudité, je ne sais pas… ça me fait me sentir voyeuse, indigne, et ça me gêne. Dire que Shame est supposé faire connaître l'addiction à la pornographie en tant que vrai maladie. Ha ! Ben merde alors.

Masson dit ne rien vouloir connaître de la vie de l'acteur, pour préserver le mystère dans la perspective d'une future collaboration. Moi j'ai envie d'en savoir plus et me demande ce qu'il pense des mille et un fantasmes que nous plaquons sur lui comme des mains baladeuses sur un cul...

Sunday, June 15, 2014

Wednesday, June 11, 2014

Tenir le coup

Doutes, peurs et même tristesse, ce soir.
Il aura suffi que je rebaptise "Un terrain vert" en "Parcelle 4198" pour que le vent tourne et apporte son lot de mauvaises nouvelles. Le film traverse une zone de grande turbulence. En fait, je devrais dire que je traverse une zone de grande turbulence car tout ce qui pouvait mal tourner tourne mal.
Trouver des solutions, prendre des décisions importantes en quelque heures. Et surtout rester positive...

Tuesday, June 10, 2014

Réponse de Truffault à Godard

J'ai relu récemment le fameux échange de lettres entre Jean-Luc Godard et François Truffaut juste après la sortie de La Nuit américaine en 1973.

L'immense succès commercial du film de Truffaut avait été couronné par un Oscar du meilleur film en langue étrangère. Jean-Luc Godard dont le cinéma se distançait de plus en plus de ses pairs, s'empressa d'écrire à celui qui avait pourtant été jusqu'ici son collègue mais aussi son frère de coeur.
« Probablement personne ne te traitera de menteur, aussi je le fais. Ce n’est pas plus une injure que fasciste, c’est une critique, et c’est l’absence de critique où nous laissent de tels films, le tien et ceux de Chabrol, Ferreri, Verneuil, Delannoy, Renoir, etc. dont je me plains. […]. J'en viens à un point plus matériel. J'ai besoin, pour tourner "Un simple film", de cinq ou dix millions de francs. Vu La Nuit américaine, tu devrais m’aider, que les spectateurs ne croient pas qu’on ne fait des films que comme toi. »
Truffault ne va pas se priver pour lui répondre. Dieu que j'aimerais avoir une jour ce talent pour exprimer ma rage et mon amour d'amitié déçu :
« Je te retourne ta lettre à Jean-Pierre. Je l’ai lue et je la trouve dégueulasse. C’est à cause d’elle que je sens le moment de te dire, longuement, que selon moi tu te conduis comme une merde. Je me contrefous de ce que tu penses de La Nuit américaine […]. A mon tour de te traiter de menteur. Au début de "Tout va bien", il y a cette phrase : “Pour faire un film, il faut des vedettes.” Mensonge. Tout le monde connaît ton insistance pour obtenir Jane Fonda qui se dérobait, alors que tes financiers te disaient de prendre n’importe qui. […] Tu l'as toujours eu, cet art de te faire passer pour une victime. […] Il te faut jouer un rôle et que ce rôle soit prestigieux. J’ai toujours eu l’impression que les vrais militants sont comme des femmes de ménage, travail ingrat, quotidien, nécessaire. Toi, c’est le côté Ursula Andress, quatre minutes d’apparition, le temps de laisser se déclencher les flashes, deux, trois phrases bien surprenantes et disparition, retour au mystère avantageux. Comportement de merde, de merde sur son socle… »